Quel professeur ne vous a pas immanquablement demandé, en fin de 3e, le métier que vous souhaiteriez exercer plus tard ? Lorsque sa prof de techno lui a posé la question, Steeve Adolphe, alors adolescent scolarisé au collège du Saint-Esprit, a répondu spontané- ment qu'il voulait devenir prêtre. Une réponse peu commune qui n'a pas laissé sans voix l'enseignante. Bien au contraire! Celle- ci l'a pris au mot et lui a dit qu'elle pourrait le mettre en relation avec un prêtre qu'elle connaissait. Et lors de la traditionnelle réunion parents/professeurs, ladite prof de techno a même évoqué le choix du collégien avec sa mère. « Mais de retour à la maison, j'ai bien vu que ma mère n'était pas trop d'accord, sans doute par rapport à mon âge » , se souvient Steeve Adolphe. Car être prêtre catholique n'est pas un emploi comme les autres. C'est un travail et un engagement de toute sa vie. Aujourd'hui, le Spiritain (l'habitant), aîné d'une famille de quatre enfants (un garçon et trois filles), est âgé de 30 ans et titulaire d'un BTS action commerciale. Bien des années se sont écoulées depuis la fameuse réunion parents/professeurs du collège du Saint-Esprit.
« JE M'Y SENTAIS BIEN »
Le projet spirituel du jeune homme a largement eu le temps de mûrir. Résultat : il reste identique à celui qu'il portait, adolescent. « Un jour, en entendant les cloches de l'église du Saint-Esprit de nouveau sonner, à l'occasion de sa réouverture, j'ai eu un déclic » , confie Steeve. « Je me suis dit que je ne pouvais pas laisser ma vocation en stand-by » . Il se rapproche alors du curé de la paroisse pour un premier rendez-vous. « Pour ce premier entretien, je n'ai pas évoqué avec lui mon désir de devenir prêtre, j'ai simplement dit que je voulais m'investir dans l'église. Il m'a répondu qu'il avait des tâches à me proposer » . Ce n'est finalement qu'au cours du second entretien que Steeve s'est montré un peu plus loquace, quant à son projet spirituel. Nous sommes alors en juin 2009. Le curé l'oriente vers le foyer vocationnel Dominique-Savio, situé à Redoute, à Fort-de-France. Joux- tant la maison provinciale des Soeurs dominicaines missionnaires de la Délivrande, il accueille des jeunes qui prennent le temps d'être à l'écoute de Dieu, de réfléchir avec d'autres jeunes à leur vocation et leur choix de vie. Steeve y fait sa rentrée en octobre 2009 en qualité d'externe. « Je n'y allais que le jeudi et le vendredi soir, pour la messe, le partage et le souper » , témoigne-t-il. « Je m'y sentais bien » . Puis est venu le temps de la deuxième année. Avec le même enthousiasme pour servir le Christ! « J'étais interne cette fois. Je me suis épanoui » , lance le Spiritain. « J'ai vu l'Église d'une autre manière, qui n'était pas celle que je voyais en tant que jeune allant à la messe le week-end. C'est une autre dynamique. L'Église a besoin de nous. Nous formons, nous les jeunes, l'Église de demain » .
« SI LE PRÊTRE SE MARIE, IL SERA MOINS DISPONIBLE POUR SA PAROISSE »
Actuellement en troisième année, Steeve n'a pas de doute quant à sa vocation sacerdotale. D'ail- leurs, les anciens camarades de classe qu'il croise, de temps à autre, ne se montrent guère sur- pris par son choix. « Ils me disent qu'ils avaient déjà senti cela, que j'étais un peu à part, plus calme, que je ne faisais pas les mêmes choses que les autres... » , rapporte l'interne du foyer vocationnel Dominique-Savio. « En réalité, je reçois beaucoup d'encouragements de leur part et nombreux sont ceux qui me demandent de ne pas abandonner, de persévérer » . Et votre mère ? « Depuis, le discours a changé » , dit-il, sourire aux lèvres. Aujourd'hui, c'est toute sa famille qui le soutient dans son parcours spirituel, qui doit le mener par la suite au grand séminaire (sept années de formation dont une année de propédeutique), soit à Paris, à Issy-les- Moulineaux (en région pari- sienne), ou encore à Venasque (près de Lyon). Pour Steeve, être prêtre s'annonce comme un pro- jet de vie exigeant mais comblant. « Le prêtre reçoit, écoute, il doit avoir du temps pour les autres, il est là pour servir, c'est un don de soi. C'est l'une de ses qualités » . Steeve entend particulièrement s'intéresser aux jeunes, afin qu'ils continuent à cheminer dans la foi et répondent à leur vocation. « Nous en avons tous une » , aime-t-il à répéter. Et le mariage des prêtres ? Steeve n'élude pas la question. « Si le prêtre se marie, il sera moins disponible pour sa paroisse » , rétorque-t-il. Le jeune homme étaye d'ailleurs ses propos en citant la Bible (1 Corinthiens 7, 32-35) : « L'homme qui n'est pas marié a souci des affaires du Seigneur ; celui qui s'est marié a souci (...) des moyens de plaire à sa femme » . Le futur séminariste a fait son choix.
Si si, j'ai lu ça dans FA